Claire enregistrait tout. On la voyait apparaître au coin de de sa chambre, au détour d'un couloir, n'importe où et à n'importe quelle heure du jour. Elle portait dans ses bras ce jouet coloré qui n'était pas encore une arme, et gravait sur ces bandes magnétiques le présent, et ce qui faisait que nous l'habitions tous. Elle enregistrait les gargouillements de Léa et leurs chansons sans queue ni tête, elle interviewait le chien, elle traquait les moindres bruits du jardin, ceux de la maison, elle consignait sur ces bandes la joie du présent pour ne jamais l'oublier; mais pas l'oubli, ni l'absence.
"Une Toile de Hopper" in Les Grands espaces, Fabien Pichon, L'Harmattan.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire