"Rana Toad", ça se mange?

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jeudi 7 août 2008

La route

L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie. Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l'extrême. Prix Pulitzer 2007, La Route s'est vendu à plus de deux millions d'exemplaires aux États-Unis.

L'imaginaire développé ici est post-apocalyptique. Un peu comme dans le roman "Je suis une légende", la fin du monde et la décadence de l'humanité ne sont qu'un prétexte à l'auteur pour aborder le thème central: la réflexion de l'homme seul, privé de toute cette chaîne sociale qui nous affuble une place rassurante et définie dans le monde.
C'est aussi une relation père-fils douloureuse à l'extrême, un rapport insoutenable tant les questions soulevées sont dramatiques: le pistolet qui les accompagne ne servira t-il qu'à les défendre?

"La route" est l'un de ces romans hybrides à la qualité de style indéniable, une transfiction dont l'histoire captivera plus les lecteurs de littérature par ce portrait saisissant du chaos que les passionnés des mondes imaginaires; en effet, le background lui même est très peu développé. Somme toute, un roman terrible, très intense, à l'atmosphère étouffante.

Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté.

La route, Mc Carthy - l'Olivier (2008)

13 commentaires:

Yohann a dit…

Il me semble qu'un film est en préparation, notamment avec Viggo Mortensen dans le rôle de l'Homme ; à surveiller. Et puis, c'est un livre que j'irai me procurer.

Morgane Vasta a dit…

tiens tiens une excellente nouvelle!
j'avais beaucoup aimé No Country For Old Men :)

Chan Coray a dit…

Un tel buzz a couru sur ce livre, à la fois chez nos libraires et dans les revues spécialisées (autant en science fiction qu'en générale) que la barre était très haute lorsque j'ai succombé et ouvert "la route",
ce qui explique mon manque d'indulgence. Ce McCarthy était pour le moins très attendu d'ailleurs. Le style est indéniablement d'un niveau extrêmement élevé et chaque paragraphe prend une dimension réellement poétique. L'univers, quoique déjà vu, est traversé de manière originale. Si on peine lors des 50 premières pages à rentrer dans le livre, on finit au delà par être happé. Cependant, et c'est ce qui m'a déçu, nombre d'incohérence dans l'univers décrit par l'auteur m'a empêché d'y croire. Ajoutons à cela une petite erreur de découpage du texte dans la chronologie de l'histoire sur un détail soit (les chaussures du petit) mais j'attendais plus!
Pour conclure, je dirais que le texte aurait peut-être gagné en impact sous la forme de nouvelle.

Mais tout cela n'engage que moi!

Yohann a dit…

Plutôt que buzz (je n'aime pas beaucoup les anglicismes...), je parlerai de bouche-à-oreille. Et je n'ai lu aucun McCarthy, à mon grand désarroi, pas même No Country... que j'ai vu en film, cependant. Lui aussi vaut le détour ; les frères Coen au meilleur de leur forme.
Voici un lien pour suivre The Road, le projet de film :
http://french.imdb.com/title/tt0898367/

Morgane Vasta a dit…

Je suis plutôt d'accord: la route sous forme de nouvelle aurait peut-être eu encore plus d'impact. Au niveau des incohérences, je pense que c'est le talon d'achille de l'auteur. Il exploite énormément le crédo psychologique, mais peu le contexte (bon ça laisse place à l'imagination: le chaos vient d'une 3ème guerre mondiale? une météorite? une suite du règne du feu? une attaque nucléaire à l'échelle planétaire? faites votre choix ^^)

Sinon je vais suivre le projet du film assidument!

Gilmoutsky a dit…

C'est un très bon roman, mais l'auteur manquait visiblement d'inspiration pour donner des noms à ses personnages. Chai pas il aurait pu appeler l'homme John et son fils John Jr. au moins.
Si l'adaptation cinéma est confiée aux frères Coen et s'il sont aussi fidèles qu'à No Country, ne vous inquiéter pas, il y aura l'erreur de découpage sur les shoes de John Jr.

Gilmoutsky a dit…

Sous forme de nouvelle, La Route n'aurait pas eu d'impact. Pardonnez-moi mon ton péremptoire.

Chan Coray a dit…

C'est pas faux ;)
Sinon, l'absence de contexte m'a plutôt plu, à moi.

Taly Lefèvre a dit…

Perso je suis rentrée tout de suite dans l'histoire vu qu'il y a un zombie dès le début!
Mais le coup du plantage dans le découpage j'ai pas fais attention vu que je cherchais les zombies partout (moi mono maniaque?!) .
Sinon je pense aussi que sous la forme d'une nouvelle ça aurait pu être mieux aussi.
J'aime bien la fin du bouquin qui coïncide avec la mort du père!
Et pis pour le film vu que je suis super fan de Viggo Mortensen...

Morgane Vasta a dit…

Je me souviens que c'était apocalyptique, mais pas au point d'y voir des zombies.. des cannibales oui. Au fait, en bons libraires, vous êtes vous procurés le "zombie survival guid" pour vous préparer à la fin du monde?

Taly Lefèvre a dit…

Ah c'est des cannibales pas des zombies? On m'aurait menti? Comment ça faut que j'arrête les films de zombies parce qu'après j'en vois partout?!

Giangi a dit…

Pourquoi l'appelez-vous une "transfiction" ?

Morgane Vasta a dit…

Le route est avant tout un objet littéraire, comme je l'ai expliqué dans ma critique, beaucoup plus de lecteurs classiques s'y sont retrouvé. Le texte est d'un genre apocalyptique que l'on associerait de prime abord au fantastique.
C'est à cause de cette ambiguïté des genres que je l'ai défini comme une transfiction, en me fiant à la définition de Francis Berthelot (je cite l'interview de ce dernier sur le site du cafard cosmique -lien sur le blog):

"[...]Limite regroupait des auteurs de SF désireux d’échapper aux contraintes de genre pour adopter une démarche plus "littéraire", avec la part d’expérimentation que cela comportait. La Nouvelle Fiction, à l’inverse, est née dans le champ de la littérature générale, mais rejette le réalisme au profit d’une fiction où l’imaginaire œuvre en toute liberté. Ce sont ces deux expériences qui m’ont conduit à réfléchir sur cette zone frontalière, à la fois ambiguë et foisonnante, à laquelle j’ai fini par donner le nom de transfictions.[...]"

Voila voila :) après je suis prête à en discuter!