"Rana Toad", ça se mange?

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samedi 29 octobre 2016

Les cauchemars de Bob Andrews/Andy.

  Parmi les trois jeunes détectives, il y en a un qui est particulièrement impressionnable. En effet, j'ai remarqué qu'étant chargé chargé de prendre des notes et de mettre en forme le rapport destiné à Alfred Hitchcock pour chaque aventure, ils n'est pas étonnant de voir Bob Andrews/Andy ne pas rester insensible aux détours et péripéties de leurs enquêtes. Ces derniers ont une influence indéniable sur son inconscient et au fil des quatorze premiers tomes, les résultats sont retranscrits par les auteurs dans l'activité onirique du personnage. J'ai attendu d'avoir assez d'occurrences pour faire cet article. Celui-ci allait de soi, d'autant plus que les illustrateurs français, Jacques Poirier et Boiry, ont été inspirés.

  La première occurrence se trouve dans le deuxième tome, The Mystery of the Stuttering Parrot/Le Perroquet qui bégayait, au chapitre 5, plus exactement:

  "But at that point, having got into bed, he drifted off to sleep. Sometime in the middle of the night, though, woke up and in the silence almost seemed to hear a voice chanting in his ear, "Little bo-Bepp has lost her sheep and doesn't know where to find it. Call on Sherlock Holmes." That was what Bo-Beep said, as reported by Miss Wagoner."
Boiry, 1982.
  "Bob en était là de ses réflexions lorsque, s'étant déshabillé et débarbouillé tout en méditant, il s'endormit. Au milieu de la nuit, il s'éveilla. Quelqu'un venait de lui chuchoter à l'oreille, dans un rêve: "Petit Patapon a perdu ses moutons. Il faut aller voir Sherlock Holmes..."

  Ce n'est pas un rêve qui assaille Bob dans The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotait, mais la confusion causée par les nombreux événements étranges s'étant déroulant dans le roman. Ainsi on peut lire dans le Chapitre 11:

  "Bob stopped typing. His mind was a whirling merry-go-round of strange events - a whispering mummy that had vanished, a falling statue, a runaway granite ball, a cat with mismatched eyes, an ancient Egyptian curse. He couldn't think straight any longer.
Jacques Poirier, 1967.

  "Bob cessa de taper à la machine. Des momies à chuchotements et à disparitions, des dieux-chacals en promenade, des boules de granit en révolution, des chats d'Abyssinie et des malédictions d’Égypte tourbillonnaient dans son cerveau."

  C'est par contre un véritable cauchemar qui trouble sa nuit au début du Chapitre 9 de The Mystery of the Vanishing Treasure/L'Arc-en-Ciel a pris la fuite:

  "The gnomes were digging busily. Far down at the end of the rocky underground tunnel. Bob could see tiny forms swinging pickaxes.
  He crept forward, wishing Pete and Jupiter were with him.He didn't want to go any deeper into that tunnel, where the darkness was so black, but now that he was this close, he couldn't let The Three Investigators down.
  His heart pounding, he moved closer, until he was crouching just outside the cave-like room where the gnomes were working. Then, because of the dust in the air, he sneezed.
  Instantly, every gnome stopped working exactly as he was, some with pickaxes raised over their heads. They all turned slowly, very slowly.
  Bob wanted to run, but the instant their eyes were on him, he was rooted to the spot, as if by some kind of magic. He couldn't utter a sound.
  They stared at him without moving. Then he heard footsteps behind him. Something very strange and scary was sneaking up on him. He tried to turn and look - but he couldn't move.
  A big claw dropped on his shoulder and shook him.
  "Bob!" a voice bommed, hollow and echoin,g in the cave. "bob! Wake up!"
  The sound broke the spell. Bob squirmed and started to shout.
  "Let me go!" he yelled. "Let me go!"
  Then he blinked. He was lying in his own bed and his mother was looking down at him."
Jacques Poirier, 1969.
  "Les gnomes creusaient diligemment. Tout au bout du tunnel, Bob pouvait voir les petits bonshommes lever et abaisser leurs pics.
  Il rampa en avant, regrettant qu'Hannibal et Peter ne fussent pas avec lui. Il n'avait pas la moindre envie de s'aventurer plus loin dans ce tunnel, mais pouvait-il reculer alors que la réputation des Trois jeunes détectives était en jeu?
  Le cœur battant à se rompre, il se propulsa ainsi jusqu'à la salle souterraine où travaillaient les petits ouvriers. Là, il y avait tant de poussière dans l'air que Bob éternua.
  Aussitôt, les gnomes se figèrent sur place, pics levés. Puis, lentement, très lentement, ils se tournèrent vers Bob.
  Fuir? Crier? Bob était pétrifié. Sa langue collait à son palais.
  Les gnomes le regardaient sans bouger. Soudain, il sentit que quelque chose s'approchait de lui par-derrière. Quelque chose de redoutable et de mystérieux. Il essaya de tourner la tête et ne put.
  Une serre puissante s'abattit sur son épaule et le secoua. Une voix murmura à son oreille:
  "Bob! Réveille-toi!"
  La magie était rompue: Bob pouvait remuer et parler. Il hurla à tue-tête:
  "Lâchez-moi!..."
  Puis il ouvrit les yeux et se trouva couché dans son lit. Sa mère se penchait au-dessus de lui."

  On trouve le dernier cauchemar écrit de la plume de Robert Arthur dans le Chapitre 9 du septième tome, The Mystery of the Fiery Eye/Treize Bustes pour Auguste:

"[Bob] went on up to bed, but it was quite a while before he could fall asleep. When he did, he had vivid dreams of Indian tribesmen on horseback, all carrying sword-canes."
Jacques Poirier, 1971.
  "Bob alla donc se coucher sans rien dire. Il eut quelque mal à trouver le sommeil. Et, une fois endormi, il fit d'affreux cauchemars: il était poursuivi par des Indiens à cheval qui, en guise d'armes, brandissaient au-dessus de leur tête de terrifiantes cannes-épées."

  Il est amusant de remarquer les plumes qu'attribue Jacques Poirier à l'un des Indiens, car il n'est pas censé s'agir de ceux d'Amérique du Nord.

  Je note ici que dans The Secret of the Crooked Cat/Le Chat qui clignait de l’œil, Pete se substitue pour une fois à Bob dans le rôle du détectives qui passe une nuit difficile. Même s'il n'est pas fait mention d'un rêve, j'ai trouvé amusant que William Arden s'amuse de cette façon avec les personnages au début du Chapitre 6:

  "Peter slept badly that night, trying to think of ways to make Mr. Carson let the boys investigate."

  "Ce soir-là, Peter eut du mal à s'endormir. Il essayait d'imaginer un moyen pour obliger M. Carson à se confier aux trois détectives."

  Peut-être peut-on considérer qu'il s'agissait à la fois d'un hommage à feu Robert Arthur et un clin d’œil aux lecteurs de la première heure. En tout cas, c'était tout à fait le but assumé de Nick West dans le Chapitre 13 de The Mystery of the Coughing Dragon/Le Dragon qui éternuait. Cette scène fait partie de celles qu'il s'est amusé à reprendre tout au long du roman, mais j'ai préféré l'isoler ici:

  "Bob had trouble sleeping. Tired as he was from the harrowing events at the cave in Seaside, he had no sooner closed his eyes than he was being pursued from cave to cave by a monstrous dragon breathing hot steam at him. At last he managed to fall soundly asleep, only to be wakened by his mother calling him for breakfast."
Jacques Poirier, 1973
  On remarque de grosses différences dans le passage traduit et adapté par Claude Voilier pour l'édition française. Toute la réflexion sur l'authenticité ou non du dragon n'existe pas dans la version originale de Nick West.:

  "Bob, ce soir-là eut des difficultés à s'endormir. Troublé par les événements de la journée, il n'eut pas plus tôt posé la tête sur l'oreiller qu'il rêva d'un dragon qui le poursuivait de caverne en caverne. Il se réveilla, baigné de sueur et le cœur battant. Il se rendormit. Le cauchemar recommença. Il passa ainsi la nuit entière à fuir le monstre et à lui échapper de justesse. Au matin, il se réveilla pour de bon mais son angoisse persistait.
  Il se mit alors à penser à l'étrange déclaration d'Hannibal: le dragon n'était pas réel! Bob n'arrivait pas y croire. Il ne pouvait s'imaginer que la terrifiante créature ne fût pas vivante!
  Il commençait à s'assoupir quand sa mère l'appela pour déjeuner. Bob se prépara sans hâte, repassant dans son esprit l'aventure de la veille au soir et tâchant de se rappeler à quel moment le dragon ne se serait pas comporté comme un dragon véritable. Mais, non... il ne voyait pas! Ce dragon, il croyait encore l'avoir sous les yeux, l'entendre et même le sentir. Aucun dragon factice n'aurait agi avec autant de naturel. Non, non! Hannibal se trompait, c'était sûr!"

  Dans le 17ème tome, The Mystery of the Singing Serpent/Le Serpent qui fredonnait, qui se trouve être la deuxième contribution de M.V. Carey,, nouvelle auteure qui partagera pendant longtemps l'écriture de la série avec William Arden, c'est au tour de Jupiter/Hannibal d'être victime d'un cauchemar (Chapitre 18). Claude Voilier omet de traduire:

  "[Jupiter] dreamed dark dreams in which he followed a flickering candle down damp and mouldy corridors while unseen things slithered at his heels."

  C'est pour l'instant la dernière occurrence d'une nuit agitée de Bob (ou de ses acolytes). S'il s'en présente une ou plusieurs autres ultérieurement, je prolongerai cet article ou le subdiviserai en plusieurs parties.

The Mystery of the Stuttering Parrot/Le Perroquet qui bégayait/The Mystery of the Whispering Mummy/La Momie qui chuchotaitThe Mystery of the Vanishing Treasure/L'Arc-en-Ciel a pris la fuite, Robert Arthur. Traduit de l'américain par Vladimir Volkoff.
The Mystery of the Fiery Eye/Treize Bustes pour Auguste, Robert Arthur. Traduit de l'américain par Claude Voilier.
The Secret of the Crooked Cat/Le Chat qui clignait de l’œil, William Arden. Traduit de l'américain par Claude Voilier.
The Mystery of the Coughing Dragon/Le Dragon qui éternuait, Nick West. Traduit de l'américain par Claude Voilier.
The Mystery of the Singing Serpent/Le Serpent qui fredonnait, M.V. Carey. Traduit de l'américain par Claude Voilier.

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