"Rana Toad", ça se mange?

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vendredi 12 février 2016

Strawl aurait aimé pouvoir dire qu'il avait passé la nuit à recenser ses péchés ou à réfléchir aux lois physiques d'une planète qui tournait si rond qu'elle maintenait en position verticale toutes les créatures qui la peuplaient, et qui était cependant si mal synchronisée que le calendrier avait besoin d'un jour de plus tous les quatre ans pour être crédible. Strawl était le genre d'homme à se pencher sur de tels problèmes, mais une chasse à l'homme condamnait à l'hibernation des réflexions de si haute portée. Il s'endormit parmi les inévitables interrogations qu'elles suscitaient, bien décidé à posséder au réveil le bon sens de celui qui crée les puzzles, plutôt que d'être confronté à un nouveau morceau qui ne trouve place nulle part. Le savoir, de toute façon, n'était que le pichet grâce auquel l'homme se désaltère. On pouvait en remplir un avec l'arithmétique, un autre avec des mots, et un homme était libre de les échanger et d'étancher sa soif grâce au premier ou au second tout en ne comprenant rien, car chez la plupart des hommes l'esprit est une passoire et non un récipient.


Animaux solitaires, Bruce Holbert, Gallmeister, coll. "Noire". Traduit de l'américain par Jean-Paul Gratias. 

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