La première mention de son nom qui m'ait été donné de voir se trouve sur The Best Band You Never Heard In Your Life, un double-album live de Frank Zappa. Une des nombreuses ouvertures sur l'inconnu que le moustachu fan de Stravinsky s'est amusé à semer dans sa discographie. Et donc, peu à peu, Eric Dolphy, m'est devenu de moins en moins inconnu. Et puis, à l'inauguration du Salon du Livre de 2008, un verre de vin rouge à la main, je me suis laissé tenté par cet ouvrage. Avec l'intention d'en apprendre un peu plus autour du musicien que des notes soufflées, appréciées en tant qu'auditeur profane (ça changeait un peu d'Iron Maiden).
Après une introduction prometteuse, très réfléchie et posant quelques questions, ma première déception fut de voir survolées l'enfance et l'adolescence en seulement 4 pages. Au bout de deux ou trois chapitres on se rend vite compte que le livre ne sera qu'une description chronologique du parcours musical de Dolphy, laissant peu de place à ce qui fait le charme d'une biographie: les anecdotes et autres embellies littéraires. Bon peut-être que le but de cet ouvrage était simplement ça, une chronologie discographique et scénique terre à terre, sans le côté sensationnel des anecdotes (il y en a quelques unes tout de même) et la tendance, que l'on peut juger futile, à magnifier l'artiste.
C'est donc une lecture très enrichissante pour qui veut connaître les circonstances de chacun des enregistrements (studios et live) d'Eric Dolphy, la diversité de ses apparitions parmi de nombreux orchestres (et les pointures avec qui il a joué notamment Mingus et Coltrane) et lire la confirmation que l'on a affaire à un musicien inclassable et déroutant, qui a construit un pont entre le be-bop et le free-jazz. Sans qu'elle soit monotone à mes yeux, j'aurais préféré qu'elle contienne plus de ces quelques indices, petits paragraphes-éclairs et autres déclarations du musicien me permettant d'en savoir plus de l'homme. Reste un document indispensable malgré cela pour compléter une écoute recueillie de ses performances.
Je peux considérer son épitaphe "He LivesIn His Music" comme une réplique à ma déception. C'est tout de même frustrant.
Eric Dolphy
Burned himself up
Playing music
By and by
His body died:
His music lives
Eric Dolphy, Guillaume Belhomme, Le Mot et le Reste, coll. "Formes", 15€.
6 commentaires:
Au moins c'est clair. C'est dommage, je l'aurais bien lu si le livre était plus centré sur sa vie. Mais si c'est principalement des séances d'enregistrement et des concerts dont il est question, ça m'intéresse moins.
En même temps, on parle d'un musicien, là... Pour plus lyrique, je vous conseille la lecture de Morton Feldman, un petit livre écrit par belhomme aussi, plus littéraire. Moi j'ai aimé cette biographie, avec de beaux passages, toutes les bios ne peuvent pas êtres écrites par françoise chandernagor ou max gallo...
Mais j'ai beaucoup aimé ce livre aussi! mon article paraît si négatif que ça? J'ai déniché aussi de beaux passages, mais ils sont trop rares. Il ne faut pas considérer mes propos comme des attaques, je me suis appliqué à contrecarrer tout malentendu. Apparemment je m'y suis mal pris.
Toutefois merci d'être passé, d'avoir laissé un commentaire et pour le conseil, monsieur Anonyme (c'est votre vrai nom?)
Non non il ne m'a pas paru négatif, rassure toi !
Simplement l'histoire des enregistrements, des concerts ne m'intéressent pas, donc je ne le lirai pas ;)
Madame !
je répondais au premier commentaire, voilà tout :)
l'article est bien, en tant qu'inconditionnelle de bios musicales, j'aime quand elles vont droit au but, qu'on ne noie pas les anecdotes sous des descriptions inventées en aprtie par l'auteur... Enfin, voilà...
Pardon, j'avais pas mes lunettes.
Ce côté droit au but est bien plus proche de la vérité, aucun doute là-dessus.
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