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dimanche 3 août 2008

1968

Libraires ou non, lecteurs ou simplement chalands, nous en auront vu défiler des livres sur mai 68! L'ampleur de la production elle même aurait pu prendre une allure contestataire, face aux paroles gouvernementales: "il faut en finir avec mai 68".

1968, Philippe Artières - Thierry Magnier (2008)
autre ouvrage de la collection: "les secrets de l'isoloir"

Bien que "l'époque où tout le monde en parle" soit passée, je m'y attarde dans le but de vous présenter une nouvelle collection aux éditions Thierry Magnier: "troisième culture". Collection qui veut "à la lumière d'un événement, découvrir une science humaine", destinée aux lycéens (donc vulgarisée), mais aussi aux adultes curieux. On nous propose une vision panoramique des années 68 en sortant du cantonnement aux révoltes étudiantes, et même au fameux mois de mai, en s'attachant à 4 évènements "symboliques" des bouleversements de ces années là.
L'auteur et historien Philippe Artières nous permet d'approcher les idées de l'Ecole des Annales: l'histoire est avant tout celle d'un peuple, étendu à la sphère mondiale, dont les effets se retrouvent encore aujourd'hui. Sous l'ampleur d'une telle étude, l'historien décrit donc 1968 de manière suggestive.

Le livre est au format poche, pas très épais, avec des citations, des extraits et un lexique détaillant divers élément du contexte historique (du "féminisme" à "la guerre d'Indochine").

Un "essai conté" comme le décrivent certaines critiques, un ouvrage de vulgarisation indispensable en tout cas pour ceux à qui cette période échappe, et une collection que l'on espère pérenne!

Car ce pays 68 était pour beaucoup d'entre nous lointain au point de nous demander parfois s'il n'avait jamais existé. Du moins, si nous en étions véritablement originaires, nous l'avions quitté très jeunes ; de lui, il ne nous restait rien si ce n'est une sensation trouble qu'il nous arriva de ressentir lors d'une manifestation telle que celle de décembre 1986 contre le projet de loi Devaquet alors ministre de l'Education, celles de 1995 contre le plan Juppé, d'avril 2002 contre la présence du candidat d'extrême droite au second tour des élections présidentielles ou du printemps 2006 contre le CPE. Mais 68 était déjà devenu un pays honteux dont il ne fallait pas être; responsable de tous nos tracas ; un paysage qu'il fallait raser pour faire du neuf, du sérieux, du solide.

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