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dimanche 21 novembre 2010

Codex Atlanticus volume 17

Le Codex Atlanticus est une anthologie fantastique des éditions La Clef d’Argent. Les volumes n’ont d’autres prérogatives que d’être composés de récits tenant de près ou de loin du fantastique. Ce critère permet d’avoir une anthologie variée proposant des textes abordant tout type de thème, mais aussi tout type de forme. En témoigne le premier récit, L’épitaphe, qui se présente sur à peine sur deux pages. Cette forme courte me plait beaucoup. Cela se veut toujours efficace, droit au but, et le choix des mots est forcément toujours pertinent (en tout cas, cela se voit plus sur ce type de format). Ce texte, un de mes préféré, nous narre l’histoire d’un homme qui, se refusant d’écrire son œuvre littéraire sur papier (format périssable), se consacre à une unique phrase, son épitaphe, qui le rendra célèbre de façon posthume. Quelques phrases suffisent à Jean-Jacques Nuel pour renverser le rêve de son personnage. Un court texte plein de cynisme sombre au possible. Autre récit encore plus court, Une flaque, de Denis Moirat. Ce petit texte est également l’un de mes préféré de l’anthologie. Les quelques mots distillent une poésie pleine de visions fugaces, à l’image du texte. Autre forme trouvée dans ce volume 17, la nouvelle Victor Skopein n’est pas mort, de Jean Effer. Le texte est découpé en 18 morceaux qui ont été intervertis en tous sens. Ce n’est évidemment plus drôle si vous les lisez dans l’ordre. Il raconte l’histoire d’un policier qui se voit rattrapé par le destin à cause d’une belle jeune femme…

Mais dans ce recueil, un texte m’a particulièrement plu. Il s’agit de la nouvelle Les livres invisibles de Philippe Vidal. Ici, deux cruciverbistes font la rencontre du « Faiseur », un homme qui écrit des livres dont la plupart des mots s’effacent dès qu’ils sont apposés sur les pages blanches. La magie opère alors dans l’esprit du visiteur : les mots disparus des phrases permettent à l’imagination du lecteur de choisir ceux qu’il souhaite, composant ainsi sa propre histoire, toutes fois dirigée par les quelques mots visibles. Une façon de refaire le monde qui est en train de disparaître.

Les autres nouvelles sont intéressantes mais moins percutantes. Il y notamment La sagesse du fossoyeur, de Stéphane Mouret. Bien que la thématique soit intéressante, le récit est trop prévisible et un brin cliché des textes à l’esprit gothique. Ce n’en est pas moins une bonne nouvelle qui clôt de recueil (enfin, juste avant un aparté amusant entre des personnages qui tentent, justement, de ne pas clore le recueil).
Enfin, il faut noter la très belle couverture signée Tiffanie Uldry, alias Mélusine. C’est d’ailleurs elle aussi qui signe les couvertures des numéros suivants.

La Clef d'Argent, 2008, 79 pages, 10€.

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